Note : Cette interview a été réalisée le 22 juillet 2009 à 08h30 du matin, quelques minutes avant le départ de James Hunter pour l'Espagne. Je le remercie de m'avoir consacré un peu de son (rare) temps libre entre deux gorgées de café...

James, avec quels musiciens es-tu en tournée actuellement ?
Dans un premier temps il y a mon contrebassiste Jason Wilson. A la batterie c'est Jonathan Lee, au saxophone ténor Damian Hand, au saxophone baryton Lee Badau. Notre organiste actuel est Andy Kingslow mais ce poste est, en principe, occupé par un musicien américain qui se nomme Kyle Koehler.

Comment te présenterais-tu au sein de ton groupe ?
Comme James Hunter, le guitariste et le chanteur...

A quand remonte ton apprentissage de musicien ?
J'ai commencé à jouer de la guitare alors que j'avais 14 ans. Le chant est arrivé plus tard dans ma vie. Je devais avoir entre 18 et 20 ans...
J'ai réellement combiné les deux vers l'âge de 24 ans...

Pourquoi t'es-tu orienté vers la musique Soul ?
Tout simplement car c'est une chose que j'aimais !
J'aurais pu m'inspirer de styles anglais plus traditionnels mais ce n'est pas vraiment des genres musicaux avec lesquels je me sentais très à l'aise...

Mais quels étaient les artistes qui te touchaient le plus à l'époque ?
Des gens comme Jackie Wilson, Ray Charles et bien d'autres qui se produisaient au moment de la naissance même de la Soul Music. Ceux qui en étaient les précurseurs...

Peux-tu me parler de l'un de tes premiers groupes qui était Howlin' Wilf & the Veejays ?
Oui c'est un groupe que j'ai fondé au milieu des années 1980. Par le biais d'émissions de télévision il a commencé à devenir populaire mais je l'ai dissous à la fin de la même décennie (le groupe avait 3 albums à son actif, Nda)...
C'est lorsque nous nous sommes séparés que j'ai débuté avec mon groupe actuel. Ceci dans un esprit musical, davantage Rythm and Blues, qui est le mien aujourd'hui.

Justement, quand as-tu commencé à te produire sous ton propre nom ?
J'ai réellement débuté sous mon propre nom en 1992 ...

Aujourd'hui, les journalistes ont tendance à te comparer à Sam Cooke. Que penses-tu de cette comparaison ?
C'est une bonne comparaison pour moi mais je n'ai pas la prétention de me prendre pour cet artiste (rires). Je m'inspire de nombreuses personnes mais j'essaye de produire une musique qui soit assez originale et de créer un style qui me soit propre.
J'ai été inspiré par des artistes de toutes origines et de tous genres...

Peux-tu revenir sa ta collaboration avec Van Morrison ?
Notre collaboration remonte au milieu des années 1990. Ma contribution a été d'apporter mon touché sur les morceaux de Van qui sonnaient le plus Blues à l'époque (James a accompagné Van Morrison durant plusieurs années. On le retrouve sur les albums suivants de l'ancien leader du groupe Them : « A night in San Francisco » (1994) et « Days like this » (1995), Nda).

Tu as accompagné de grands noms de la musique. Quels sont ceux qui t'ont laissé les meilleurs souvenirs ?
Je garde un grand souvenir de ma rencontre avec Junior Wells. C'était quelqu'un qui avait énormément d'humour et beaucoup de très bonnes histoires à raconter. Il y a aussi Jimmy Witherspoon avec lequel j'ai eu la chance de partager la scène...

Quels thèmes aimes-tu évoquer dans tes chansons, puisque tu es auteur-compositeur ?
Je suis, en effet, auteur et compositeur. En tout cas j'essaye de faire de mon mieux dans l'écriture...
Je tiens à aborder des sujets qui soient les plus larges possibles. C'est une chose très difficile car il n'est pas toujours évident de choisir les mots les mieux adaptés pour faire ressentir les choses de la meilleure façon. Il m'arrive, bien souvent, de tout stopper pour mieux recommencer (rires)...

Aimerais-tu écrire pour d'autres artistes ?
Oui j'aimerais beaucoup même s'il est très difficile de s'immerger dans la personnalité de quelqu'un afin de pouvoir lui proposer une chanson qui lui colle parfaitement à la peau.

Tu n'as pas eu beaucoup de chance pour ta venue au Cognac Blues Passions puisque ton concert d'hier a été annulé en raison d'intempéries. As-tu déjà eu l'occasion de rencontrer des artistes français, connais-tu la scène « Blues » de ce pays ?
Non, par contre je connais des films français !

Ah bon ! Lesquels ?
Ceux qui évoquent la pègre, les truands, les ennemis publics...
Par exemple j'ai un faible pour « Touchez pas au Grisbi ». Jean Gabin est l'un de mes acteurs préférés...
J'aime le cinéma français et je profite des sous-titres pour voir le maximum de films. Cela m'aidera, peut être, à parler français un jour... je pourrai, alors, me passer des sous-titres (rires) !

Peux-tu me parler, en détails, de ton dernier album « The Hard Way » (Go/Hear Music) et revenir sur la présence d'Allen Toussaint sur celui-ci ?
Oui, monsieur Allen Toussaint a accepté de participer à ce projet. Je lui ai écrit alors qu'il était New-York, ou Nashville, ou San Francisco.... je ne m'en souviens plus tant il voyage...
Je lui ai dit combien j'aimais sa musique et demandé s'il voulait bien apporter sa touche personnelle à mon projet. Il a accepté et m'a offert un superbe cadeau tant sa sensibilité est grande sur ces enregistrements (Allen Toussaint joue du piano sur 3 titres, Nda).

Pourquoi avoir nommé l'album « The Hard Way » alors que ta carrière semble emprunter la voie du succès ?
Oh, tu dis cela alors que je vais devoir subir un très long et difficile voyage toute la journée (rires) !
Ce titre d'album est emprunté à la chanson qui ouvre le CD. Si tu écoutes attentivement cette dernière, tu te rendras compte qu'elle n'est pas consacrée à une chose ou un problème en particulier. Toutes les interprétations sont possibles...

Pour l'enregistrement de ce disque, as-tu utilisé du matériel d'époque afin de retrouver ce son si « rétro » ?
En partie mais c'est, avant tout, un travail d'écriture. Je créé des chansons qui puisent leurs racines dans des styles qui ne sont pas récents. J'essaye de produire une musique roots qui, en même temps, touche le plus grand nombre, y compris parmi les jeunes générations. De ce fait, mon style correspond aussi à la définition même de la « Pop Music »...

Le 29 août tu reviendras en France, où tu te produiras dans un très grand Festival de Rock à Paris (Rock en Seine 2009, Nda). As-tu une autre manière d'appréhender ce genre de manifestation par rapport aux festivals de Blues ?
Pour moi cela est, sensiblement, la même chose. En dehors du fait que j'entendrai beaucoup plus de Rock autour de moi que lorsque je me produits dans le cadre d'un Festival de Blues (rires) !
Je ne sais pas vraiment ce que peut être un Festival de Rock actuellement...
D'habitude ce sont les Festivals de Rock et ceux de Folk qui sont les plus ouverts. On y retrouve des styles musicaux très différents et il y règne un grand éclectisme. Les festivals de Blues ont tendance à se limiter au... Blues (rires) !

Tu verras, tu vas te retrouver devant tout un tas de jeunes complètement fous qui sautent dans tous les sens...
Oh, vraiment...
Nous avons des jeunes qui viennent nous voir mais il est vrai qu'ils sont souvent accompagnés par leurs grands-parents (rires) !
En principe mon public est assez varié. Cela dépend des endroits, parfois l'ambiance et très jeune mais d'autres fois elle est complètement dominée par les grands-mères...
Ceci dit j'aime tout le monde (rires) !

As-tu des souhaits particuliers pour l'avenir ?
J'espère sincèrement que mon nom deviendra connu d'un très grand nombre de personnes. Qu'il soit synonyme, pour eux, de belles chansons et d'un certain talent d'écriture. J'aimerais que ce soit cette image qui restera de moi. Bien sûr, j'espère également gagner énormément d'argent (rires) !

Quels sont tes projets ?
J'essaye d'écrire dès que j'ai un moment. La tournée actuelle est assez intensive et ne m'en laisse guère le loisir. J'ai passé les 5 dernière semaines sur les routes... cependant j'ai quelques chansons en préparation.

Avec quels artistes aimerais-tu collaborer sur tes prochains enregistrements ?
Je n'en ai pas idée pour le moment, vraiment pas...
J'aimerais probablement refaire quelque chose avec monsieur Allen Toussaint...
Il est probablement l'un des meilleurs musiciens avec lequel on puisse travailler actuellement, donc je me verrais bien recommencer cette expérience !

As-tu une conclusion à ajouter ?
Non, simplement te remercier de m'avoir consacré du temps de si bonne heure !
J'espère avoir, très souvent, l'occasion de revenir en France...

www.myspace.com/jameshuntermusic
http://jameshuntermusic.com

Remerciements : James pour sa disponibilité malgré les contraintes de timing, Noëlle Valluet, Sophie Neveu et Elodie Fargeaudoux pour sa jolie photo.